Programme EXIT : résultats finaux de la première phase !
26 septembre 2025©Joseph Marando
En décembre 2024, la première phase des 3 ans du programme EXIT s'est achevée.
Le programme EXIT, dirigé par CAP International et ses membres de terrain, a été conçu pour créer des parcours de sortie durables pour les filles, les garçons et les jeunes femmes âgés de 13 à 25 ans touché·es par la prostitution et l'exploitation sexuelle en Inde, au Malawi, en Mongolie et au Népal. Il a été mis en œuvre par nos quatre membres dans ces pays respectifs : South Kolkata Hamari Muskan, People Serving Girls at Risks, Talita Asia et Maiti Nepal.
Il s'est construit autour de deux objectifs clés :
613 femmes, filles et garçons accompagné·es grâce à un soutien holistique individualisé
Pour la plupart des personnes concerné·es par la prostitution, la sortie est un processus long et complexe, en raison des multiples obstacles et vulnérabilités qui entourent leur vie. La pauvreté, le sans-abrisme, les addictions, les abus sexuels dans l'enfance, la minorité d'âge couplée à la violence physique et psychologique inhérente à la constituent autant de facteurs d’entrée dans la prostitution. Sortir de la prostitution requiert donc un accompagnement global de long terme.
Le programme EXIT a travaillé directement avec 613 filles, garçons et jeunes femmes pour éliminer ces obstacles en leur ouvrant l'accès à l'éducation, à la formation professionnelle, aux activités génératrices de revenus et aux opportunités d'emploi.
En Inde, South Kolkata Hamari Muskan a ainsi développé des activités génératrices de revenus pour les survivant·es de la prostitution vivant dans les quartiers de Sonaggachi et Bowbazaar. Celles-ci comprenaient notamment un service de restauration mobile, la fabrication de bijoux et de couture. Dans les quatre pays, les femmes et les filles en situation de prostitution ont pu bénéficier d'une formation professionnelle afin d'acquérir des compétences dans les domaines de leur choix : boulangerie-pâtisserie, cuisine, esthétique, coiffure, informatique, entrepreneuriat... Ces formations ont soutenu la création de moyens de subsistance alternatifs durables à la prostitution.
“Maintenant que je gagne mon propre argent grâce à la fabrication de bijoux, je ne suis plus dépendante de mon mari, il me respecte davantage. Je peux aussi payer les frais de scolarité de mes enfants” Jhuma soutenue par SKHM.
L'accès à l'éducation est également une priorité du programme EXIT, en particulier pour les enfants, afin de les maintenir dans le système scolaire et de les protéger de la prostitution. Au Népal, par exemple, Maiti a veillé à ce que tou·tes les mineur·es dont il avait la charge soient scolarisé·es.
Des activités d’insertion professionnelle ont également été introduites pour la première fois dans des associations partenaires. Les jeunes personnes ont ainsi été accompagné·es dans la recherche d’un emploi rémunéré, souvent grâce à des stages ou via un réseau d’employeur·es locaux. En Mongolie, par exemple, des accords ont été signés avec plusieurs entreprises pour faciliter cette intégration.
En parallèle, le programme a répondu aux besoins les plus urgents des bénéficiaires : un logement sûr, l’alimentation, des soins de santé et un soutien psychologique, les aidant à évoluer vers une vie plus sûre et plus stable. En effet, en 2024, 95 % des bénéficiaires du programme ont reçu un soutien alimentaire et 513 d'entre eux ont reçu un soutien psychologique.
Le programme a renforcé les capacités des associations de terrain grâce à l'échange de bonnes pratiques et à la capitalisation
Le programme EXIT a investi dans ces associations de première ligne en créant des outils partagés, en organisant des ateliers de formation par les pairs, en publiant des guides pratiques et en encourageant l'échange de connaissances. Ces ressources ont ensuite été partagées avec les 37 organisations membres de CAP International dans le monde, contribuant ainsi à diffuser les pratiques abolitionnistes centrées sur les survivant·es bien au-delà des pays du programme initial.
Dans le même temps, le programme EXIT a renforcé les capacités de collaboration des quatre associations membres. Les associations membres ont participé à 3 ateliers de formation conjoints : en Inde, au Népal et en Mongolie pour favoriser le développement des compétences collectives. Chaque association a ensuite organisé des sessions internes de restitution pour partager les enseignements avec l'ensemble de ses équipes. Cette méthode de diffusion des connaissances a permis d’impliquer un plus grand nombre de professionnel·les de terrain.
Au cours des visites sur le terrain, de nombreuses survivantes de la prostitution accompagné·es par le programme ont également été consulté·es sur leurs besoins. Leurs voix ont directement éclairé les guides de bonnes pratiques qui ont été élaborés.
Le programme a eu un impact significatif, mesurable et durable :
Au total, 613 bénéficiaires ont été accompagné·es tout au long du programme EXIT
282 survivant·es ont définitivement quitté la prostitution ou ont été protégé·es pour ne pas y entrer, tandis que 126 autres sont sur la voie de la sortie.
Ces résultats confirment l'objectif principal du programme : rompre durablement le cycle de la prostitution.
Publication de deux guides EXIT
Le programme a également renforcé les capacités des partenaires locaux grâce à la publication de deux manuels EXIT (2022 et 2024), désormais disponibles en cinq langues et distribués à plus de 200 organisations dans le monde. Le premier met en évidence l'« approche abolitionniste de terrain » en mettant en évidence les pratiques de associations de terrain et centrées sur les survivant·es des membres de CAP fournissant un accompagnement holistique (logement, soins de santé, éducation, opportunités économiques) pour permettre des parcours de sortie durables.
Le deuxième, « Fournir un soutien individualisé aux personnes prostituées », se concentre sur l'établissement de relations authentiques et fondées sur la confiance avec les survivant·es et l'adaptation du soutien aux besoins individuels.
Le programme EXIT a eu un impact significatif et durable dans les quatre pays. Il a permis à des centaines de filles, de garçons et de jeunes femmes de sortir de la prostitution et de la violence systémique qui y est liée ou d’en être protégé·es. Les survivant·es témoignent qu’iels n’auraient pas pu reconstruire leurs vies sans ce soutien :
« J'ai subi beaucoup de violences, physiques, sexuelles et psychologiques. Les hommes ne devraient pas faire cela. Ils ne devraient pas acheter le sexe, cela blesse les femmes. La prostitution n'est pas un travail. J'ai mal dormi pendant des années. J'ai rencontré PSGR lorsqu'ils sont venus dans le township de Chilomoni. J'ai arrêté en mars dernier et je me sens mieux. J'ai commencé une formation payante le 5 juillet. Je peux maintenant ramener de la nourriture à la maison. Si l'association crée une coopérative, je veux en faire partie. Je veux aussi parler aux gens et les sensibiliser. Je ne veux pas que d'autres filles aient à faire ce que j'ai fait. Je veux qu'ils en connaissent les conséquences. Je veux aussi parler aux hommes : ils ne devraient pas acheter du sexe. Les femmes ne sont pas à vendre. Et je veux parler au gouvernement. Il doit soutenir les femmes et les filles de ce pays». Martha, 29 ans, Malawi, soutenue par PSGR.
Le témoignage de Sarah, 16 ans, en Mongolie, reflète aussi l'impact du programme :
“J'ai porté un masque noir et un bonnet de laine pendant deux ans... Maintenant, j'apprends lentement à m'aimer. Je suis retourné à l'école. Je dessine plus. J'apprends à enlever le masque.”
Au-delà du changement individuel, le programme a également changé les perceptions sociétales : en devenant des acteur·rices de changement dans leurs communautés, les survivant·es sont perçu·es comme des exemples. Leur engagement et leur plaidoyer contribuent à briser la stigmatisation des personnes prostituées et à renforcer la résilience collective.