Sortie de “Last Girl First ! La prostitution à l’intersection des oppressions sexistes, racistes et de classe"
22 mars 2022© Illustrations par Hanifa Abdul Hameed
CAP International publie une étude sur la surreprésentation des femmes et des filles les plus marginalisées dans la prostitution.
Le 22 mars, CAP International a publié "Last Girl First ! La prostitution à l’intersection des oppressions sexistes, racistes et de classe", une vaste étude sur le système prostitutionnel et son impact sur les plus marginalisé·e·s. Cette recherche, fruit de deux années de travail dans 49 pays, donne la parole à plus de 40 survivantes, expertes de terrain et rassemble plus de 500 sources. Elle explore une réalité visible et pourtant longtemps ignorée : le système de la prostitution impacte de manière disproportionnée les plus vulnérables dans nos sociétés.
Les femmes les plus marginalisées premières victimes
Plus de 50% des personnes en situation dans l'ouest canadien sont des femmes autochtones alors que celles-ci représentent 4% de la population totale du pays
Plus de 70% des personnes en situation de prostitution en Europe sont des femmes migrantes
Plus de la moitié des victimes d'exploitation sexuelle aux Etats-Unis sont des filles afro-américaines alors que la communauté ne représente que 13% de la population totale du pays
Femmes précaires, autochtones, migrantes ou issues minorités ethniques, raciales, religieuses ou de castes opprimées : elles sont représentées de manière disproportionnées dans le système prostitutionnel. Non pas par choix, mais parce qu’elles sont les premières exposées à la pauvreté, aux violences, à la précarité et aux discriminations systémiques. Elles sont celles que la société désigne comme “prostituables”, comme une classe à part, qui pour vivre et survivre doivent répondre à la demande masculine pour l’achat d’actes sexuels.
Inspiré par les luttes de Gandhi et les idées de l'activiste indien Ambedkar en faveur de l’annihilation du système de caste, le concept de "Last Girl" (La dernière fille ou Antyajaa) inventé par l’activiste indienne Ruchira Gupta, fondatrice de notre association membre indienne Apne Aap, désigne “la dernière des dernières” – les oubliées de nos systèmes, celles privées de droits. Ce sont ces voix que l’étude place au cœur de son analyse.
Une lecture intersectionnelle du système de la prostitution
Le rapport met en lumière explore les racines historiques, politiques et sociales menant aujourd’hui à l’exploitation sexuelle massive des plus vulnérables dans nos sociétés. A l’intersection de multiples oppressions - patriarcat, racisme, colonialisme, impérialisme, capitalisme, domination de classe, guerre & militarisation- le système prostitutionnel est bien loin d’un choix individuel mais s’impose comme le fruit de dominations, symptomatique des inégalités les plus profondes dans nos sociétés.
« Ce qui nous dérange profondément, c’est que nous sommes très visibles et pourtant ignorées, et qu’il y a une réelle reconnaissance de la pauvreté et du sexisme dans nos pays d’origine ; pourtant, les universitaires nous décrivent comme des “travailleuses du sexe migrantes”. Il est troublant de constater qu’il existe une sorte de sympathie libérale pour les femmes asiatiques. Il existe également une force beaucoup plus forte qui est très déterminée à confirmer que la situation dans laquelle nous nous trouvons — le sexisme, les stéréotypes, la violence qui est commise à notre encontre — est en quelque sorte notre destinée. Même parmi les personnes qui pour raient être nos allié·e·s naturel·le·s, il existe une réelle détermination à nous faire rester subordonné·e·s »
- Suzanne Jay dans Last Girl First.
Pourquoi lire ce rapport ?
Pour comprendre le système de la prostitution dans sa globalité
Pour comprendre les enjeux de dominations et oppressions systémiques dans la prostitution
Pour écouter les voix des premières concernées

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